AUTEURS ANTIQUES

Auteurs cités dans cette étude ou proches de celle-ci

 

 

Diodore de Sicile environ 90-20 avant J.-C. :

 

Historien grec du I° siècle avant notre ère, né en Sicile. Il a décrit les Gaules dans sa Bibliothèque historique, compilation de l'histoire chronologique depuis la guerre de Troie jusqu'aux années 60 avant notre ère.

A consulter plus particuliérement Librairie, I,4,7; 5,1 ;  IV,19,1-3; V,32,1.

 

"NB : Malgré son oeuvre considérable, à prendre avec précaution du fait notamment de certaines idées fausses qu'il a contribué à véhiculer sur les Gaulois."

 

Toutefois, Diodore est chronologiquement le premier après César à faire mention du siège d'Alésia.

A Rome où il séjourna, il est impossible que ce contemporain des événements n'ait pas rencontré d'anciens acteurs de la guerre des Gaules.

Il ne serait donc pas raisonnable de lui refuser la crédibilité à laquelle il peut prétendre lorsqu'il rapporte, en deux récits différents, mais non contradictoires, ce que disaient les gaulois, peu après 52, sur Alésia et sur le siège (1).


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Tite Live 59 avant J.-C. / 17 après J.-C. :

 

Historien latin, auteur d'une histoire romaine  qui décrit entre autres un certain nombre de peuples gaulois, Il fait également le portrait d'hommes politiques gaulois, comme Ambigat ou Bellovese, et rapporte de nombreux récits légendaires de l'Europe du sud-ouest et de la Gaule, en complétant par ses lectures des ouvrages de Jules César, les écrits de Polybe.

Voir Abrégés, 103-108.

 

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Strabon d'Amasée 58 avant J.-C. / 25 après J.-C. :

 

Géographe grec, né en Cappadoce, lecteur de Polybe.

Il suit aussi Asinius Pollion et source plus ancienne encore, Poséidonios mort vers 50 av.J.-C.

Auteur d'une Géographie Universelle en 17 tomes dans laquelle le monde est décrit région par région.

Notamment Géographie IV, 2, 3.

         

3.... Ce qui peut donner une haute idée de l'ancienne puissance des Arvernes, c'est qu'ils se sont mesurés à plusieurs reprises avec les Romains et leur ont opposé des armées fortes de 200 000 hommes, voire même du double, car l'armée avec laquelle Vercingétorix combattit le divin César était bien de 400 000 hommes. Dejà auparavant, ils avaient combattu au nombre de 200 000 et contre Maximus Aemilianus, et contre Domitius Ahenobarbus. Avec César, la lutte s'engagea d'abord devant Gergovia, ville des Arvernes, bâtie au sommet d'une haute montagne et patrie de Vercingétorix ; elle recommença sous les murs d'Alesia, ville appartenant aux Mandubiens, nation limitrophe* des Arvernes, et située, comme Gergovia, au haut d'une colline très élevée, avec d'autres montagnes et deux rivières autour d'elle ; mais le chef gaulois y fut fait prisonnier, ce qui mit fin à la guerre..

 

*Par nation limitrophe : il semblerait qu'il faille comprendre nation alliée (2).

 

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Plutarque 46-125 après J.-C. :

       

"En moins de dix ans qu’a duré sa guerre dans les Gaules, il a pris d’assaut plus de huit cents villes"

La vie de Jules César par Plutarque  (XVI)

 

 

Historien grec, né en Béotie, chargé par Trajan de l'éducation d'Hadrien, il est l'auteur des Vies parallèles de Grecs et de Romains illustres.

Sur la guerre des Gaules  La Vie de Jules César, de 16 à 30.

 

Hormis César, il est aussi l'auteur le plus prolixe sur la Guerre des Gaules (336 lignes), il utilise aussi une source complémentaire qui confère à ses écrits une certaine crédibilité : La biographie sur César, aujourd'hui perdue, qu'avait rédigé son ami et collaborateur C.Oppius (6).

        

 

29...mais , quand les Éduens, qui jusqu'alors s'étaient appelés les frères des Romains et en avaient été traités avec la plus grande distinction, se révoltèrent aussi et entrèrent dans la ligue commune, le découragement se jeta dans ses troupes. César fut donc obligé de décamper promptement et de traverser le pays des Lingons, pour entrer dans celui des Séquanois , amis des Romains et plus voisins de l'Italie que le reste de la Gaule. Là , environné par les ennemis, qui étaient venus fondre sur lui avec plusieurs milliers de combattants, il les charge avec tant de vigueur, qu'après un combat long et sanglant, il a partout l'avantage et met en fuite ces Barbares. II semble néanmoins qu'il y reçut d'abord quelque échec ; car les Arverniens montrent encore une épée suspendue dans un de leurs temples, qu'ils prétendent être une dépouille prise sur César. Il l'y vit lui-même dans la suite et ne fit qu'en rire ; ses amis l'engageaient à la faire ôter ; mais il ne le voulut pas, parce qu'il la regardait comme une chose sacrée.

 

30.Le plus grand nombre de ceux qui s'étaient sauvés par la fuite se renfermèrent avec leur roi dans la ville d'Alésia. César alla sur-le-champ l'assiéger, quoique la hauteur de ses murailles et la multitude des troupes qui la défendaient la fissent regarder comme imprenable. Pendant ce siége, il se vit dans un danger dont on ne saurait donner une juste idée. Ce qu'il y avait de plus brave parmi toutes les nations de la Gaule , s'étant rassemblé au nombre de trois cent mille hommes, vint en armes au secours de la ville ; ceux qui étaient renfermés dans Alésia ne montaient pas à moins de soixante-dix mille. César, ainsi enfermé et assiégé entre deux armées si puissantes, fut obligé de se remparer de deux murailles , l'une contre ceux de la place, l'autre contre les troupes qui étaient venues au secours des assiégés : si ces deux armées avaient réuni leurs forces, c'en était fait de César. Aussi le péril extrême auquel il fut exposé devant Alésia lui acquit, à plus d'un titre, la gloire la mieux méritée ; c'est de tous ses exploits celui où il montra le plus d'audace et le plus d'habileté. Mais ce qui doit singulièrement surprendre, c'est que les assiégés n'aient été instruits du combat qu'il livra à tant de milliers d'hommes qu'après qu'il les eut défaits ; et ce qui est plus étonnant encore, les Romains qui gardaient la muraille que César avait tirée contre la ville n'apprirent sa victoire que par les cris des habitants d'Alésia et par les lamentations de leurs femmes, qui virent, des différents quartiers de la ville, les soldats romains emporter dans leur camp une immense quantité de boucliers garnis d'or et d'argent, des cuirasses souillées de sang, de la vaisselle et des pavillons gaulois. Toute cette puissance formidable se dissipa et s'évanouit avec la rapidité d'un fantôme ou d'un songe, car ils périrent presque tous dans le combat. Les assiégés, après avoir donné bien du mal à César et en avoir beaucoup souffert eux-mêmes, finirent par se rendre. Vercingetorix, qui avait été l'âme de toute cette guerre, s'étant couvert de ses plus belles armes, sortit de la ville sur un cheval magnifiquement paré ; et , après l'avoir fait caracoler autour de César, qui était assis sur son tribunal, il mit pied à terre, se dépouilla de toutes ses armes et alla s'asseoir aux pieds du général romain, où il se tint dans le plus grand silence. César le remit en garde à des soldats et le réserva à 1'ornement de son triomphe.

 

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Dion Cassius 155-235 après J.-C. :

 

Historien romain de langue grecque, sénateur sous les empereurs Commode puis Septime Sévère.

Trois livres de son histoire romaine XXXVIII-XL parlent de la guerre des Gaules.

20 pages sur l'année -52 principalement XL ,33-41.

 

Son témoignage bien que tardif, doit être pris en compte, il est issu de l'oeuvre aujourd'hui perdue d'un officier de César pendant la guerre des Gaules, devenu ensuite son ennemi lors de la guerre civile, Q.Aelius Tubero (5).

 

38...César voulut marcher sur-le-champ contre les Éduens ; mais, arrêté par la Loire, il se dirigea du côté des Lingons, et ne fut pas plus heureux. Quant à Labiénus, il s'empara de l'île située dans la Seine, après avoir défait les barbares qui combattaient sur la terre ferme pour arrêter sa marche, et traversé le fleuve en aval et en amont, dans plusieurs endroits à la fois, afin qu'ils ne pussent pas s'opposer à son passage, comme cela serait arrivé s'il l'avait franchi sur un seul point .

 

Vercingétorix, battu par César, se réfugie dans Alésia

 

39. Avant cet événement, Vercingétorix, à qui César ne paraissait plus redoutable à cause de ses revers, se mit en campagne contre les Allobroges. Il surprit dans le pays des Séquanais le général romain qui allait leur porter du secours, et l'enveloppa ; mais il ne lui fit aucun mal : bien au contraire, il força les Romains à déployer toute leur bravoure, en les faisant douter de leur salut et reçut un échec par l'aveugle confiance que le nombre de ses soldats lui avait inspirée. Les Germains, qui combattaient avec eux, contribuèrent aussi à sa défaite : dans l'impétuosité de l'attaque, leur audace était soutenue par leurs vastes corps, et ils rompirent les rangs de l'ennemi qui les cernait. Ce succès imprévu ne ralentit point l'ardeur de César : il contraignit les barbares fugitifs à se renfermer dans Alésia, qu'il assiégea.

 

Siège et prise de cette ville

 

40.Avant l'achèvement des travaux de siège, Vercingétorix ordonna d'abord à la cavalerie de s'éloigner, parce qu'il n'avait pas de quoi nourrir les chevaux, et afin que chacun, rentrant dans son pays, en emmenât des provisions et des secours pour Alésia. Des retards étant survenus et les vivres commençant à manquer, Vercingétorix fit sortir de la ville les enfants, les femmes et tous ceux qui étaient inutiles pour la défendre. Il espérait que cette multitude serait épargnée par les Romains, qui voudraient la faire prisonnière, ou bien que les subsistances qu'elle aurait consommées serviraient à nourrir les autres plus longtemps ; mais il fut trompé dans son attente. César n'avait pas assez de vivres pour en donner à des étrangers : il pensait d'ailleurs que toute cette foule, repoussée dans ses foyers (il ne doutait pas qu'elle n'y fût reçue), rendrait la disette plus terrible, et il lui ferma son camp. Placée entre la ville et les Romains, et ne trouvant de refuge d'aucun côté, elle périt misérablement. La cavalerie et les auxiliaires qu'elle avait recrutés arrivèrent bientôt après ; mais ils furent battus dans un combat de cavalerie avec l'aide des Germains. Ils tentèrent ensuite de pénétrer, pendant la nuit, dans la ville à travers les retranchements des assiégeants ; mais ils eurent beaucoup à souffrir ; car les Romains avaient creusé, partout où la cavalerie pouvait avoir accès, des fossés souterrains qu'ils remplirent jusqu'à la surface du sol de pieux aigus, et au-dessus desquels la terre était aussi unie que dans tout le voisinage. Hommes et chevaux tombèrent dans ces fossés, sans sans voir le danger, et y périrent. Cependant les Gaulois ne cédèrent qu'après avoir eu encore le dessous dans une bataille rangée, sous les fortifications mêmes d'Alésia, eux et ceux qui étaient sortis de la ville .

 

41. Après cette défaite, Vercingétorix, qui n'avait été ni pris ni blessé, pouvait fuir ; mais, espérant que l'amitié qui l'avait uni autrefois à César lui ferait obtenir grâce, il se rendit auprès de lui, sans avoir fait demander la paix par un héraut, et parut soudainement en sa présence, au moment où il siégeait dans son tribunal. Son apparition inspira quelque effroi ; car il était d'une haute stature, et il avait un aspect fort imposant sous les armes. Il se fit un profond silence : le chef gaulois tomba aux genoux de César, et le supplia en lui pressant les mains, sans proférer une parole. Cette scène excita la pitié des assistants, par le souvenir de l'ancienne fortune de Vercingétorix, comparée à son malheur présent. César, au contraire, lui fit un crime des souvenirs sur lesquels il avait compté pour son salut. Il mit sa lutte récente en opposition avec l'amitié qu'il rappelait, et par là fit ressortir plus vivement l'odieux de sa conduite. Ainsi, loin d'être touché de son infortune en ce moment, il le jeta sur-le-champ dans les fers et le fit mettre plus tard à mort, après en avoir orné son triomphe

 

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(1) Alésia et les textes antiques par Jean-Yves Guillaumin

 

(2)(idem 1) Une solution a été proposée récemment par G.Villette (3)(4) et elle est riche d'enseignements. Ce philologue a relevé dans le texte de la géographie d'autres exemples (signalés par les éditeurs) de confusion entre la lettre rho et la lettre nu. Un copiste pense-t-il plus habitué à lire chez Strabon des termes géographiques, aura transformé en homôrou la forme homonoû qui avait été réellement écrite par Strabon, lequel voulait signifier que les Mandubiens étaient "de connivence" avec les Arvernes.

La crédibilité de Strabon est sauvegardée par cette correction qui obtient l'approbation des philologues.

 

On peut aussi prendre sur le sujet l'avis de J. le Gall, la bataille d'Alésia, 2009, p 47 :

 

Strabon donne à leur sujet (les Mandubiens) une indication étonnante : "peuple limitrophe des Arvernes" !

L'erreur est évidente, d'où une suggestion selon laquelle le terme qui figure dans les manuscrits (omoros) serait une faute de copiste pour un mot d'apparence assez semblable, mais signifiant "de même esprit" (omonoos) ; il est malheureusement impossible de démontrer la pertinence de cette suggestion, une incidente de César pourrait cependant l'appuyer (...) rien ne paraît indiquer que l'armée gauloise ait eu la moindre difficulté pour s'installer à Alésia.

 

(3) Abbé Guy Villette. Toponymiste Chartrain renommé, cité par Marianne Mulon dans noms de lieux d'île-de-France. Gerard Taverdet dans Noms de lieux de Bourgogne, Jacques Lacroix dans Les noms d'origine gauloise.

 

(4) Les Dossiers de l’Histoiren° 40, nov-déc 1982, p. 36.

 

(5) Sur les sources de Dion Cassius, G.Zecchini: Cassio Dione e la guerra gallica di Cesare, 1978.

Voir aussi C.Jullian sur la campagne contre les Vénètes (Gaule 3, p 297 note 1).

J-Y.Guillaumin, La reddition de Vercingétorix..., Latomus, t.44, fasc.4,1985.

Le récit de la bataille du Sabis (39,2) montre que la source de Dion Cassius utilise une notice remontant à des officiers de VIIIe ou de la XIe légion.

 

(6) Sur les sources de Plutarque et Dion Cassius, voir aussi P.M. Martin, Vercingétorix. 2000, p 12 et 13.

Réedité et réactualisé en 2009.