Réflexions sur les fouilles archéologiques à
Alise-Ste-Reine
MEMOIRES
ALESIA : Fouilles et recherches Franco-allemandes sur les travaux militaires romains autour du mont-Auxois (1991-1997) sous la direction de M. Reddé et S. von Schnurbein.
1 - LES FOUILLES
Entamer une réflexion sur les dernières fouilles à Alise-Ste-Reine et donc les résumer est difficile, d'une part à cause de la densité de l'ouvrage et d'autre part du choix qu'il faudrait faire entre l'archéologie et ce que l'on peut déduire du texte Césarien.
Les défenseurs d'Alise ont clairement fait le choix de l'archéologie au détriment des autres aspects du problème, même si ils en minimisent les effets ; or de nombreuses découvertes archéologiques issues du terrain refusent toujours de s'accorder avec le texte.
Prenant acte de cet état de fait, les fouilleurs modernes d'Alise ont donc choisi en guise de méthode de travail une approche qui n'est pas sans contradictions:
Affirmer la crédibilité du texte, mais en relativiser la précision lorsque celui-ci est incompatible avec les éléments retrouvés sur le terrain.
La qualité des commentaires n'est pourtant pas à mettre en cause, sauf à supposer que la description d'Alésia telle que nous la connaissons ne soit qu'un vulgaire roman ; à ce moment là, l'identification même de cet événement avec Alise-Ste-Reine serait vaine, et donc sans intérêt.
Si le texte de César dit vrai, faut-il alors et pour autant, remettre en cause le sérieux
des dernières fouilles ?
La réponse est clairement non.
Nous avons à Alise les restes d'un siège qu'on peut dater de la fin de l'époque républicaine, la majorité des artéfacts retrouvés en atteste.
Nous avons aussi une somme archéologique de grande qualité qui n'omet aucun aspect du problème, il ne serait donc pas sérieux de mettre en cause le professionnalisme et l'indépendance des chercheurs ayant oeuvré sur place.
S'agit-il pour autant d'un siège à relier sans conteste à Alésia ?
La réponse archéologique est là, nettement plus nuancée que ce que laissent entendre les déclarations ou publications sur le sujet.
Il convient donc de reprendre le rapport de fouille pour y voir plus clair, en commençant par la synthèse sur l'environnement du site d'Alésia.
AVERTISSEMENT :
On trouvera fréquemment des extraits sortis de leur contexte pour aider à la réflexion, on pourra penser, bien que ce ne soit évidemment pas le cas, que certains de ces extraits auraient pu être sciemment tronqués, on pourra vérifier qu'il n'en est rien et que le sens du propos n'est pas dénaturé en se reportant aux pages concernées du Rapport de fouille.
L'ENVIRONNEMENT DU SITE D'ALESIA par Christophe Petit
Données morphologiques, hydrologiques, géologiques et botaniques :
S'agissant des travaux de siège sur les plateaux qui entourent Alise, voir à partir de la page 66 : Les travaux Césariens influencés par les substrats géologiques.
"La profondeur des fossés sur le plateau est variable en fonction de la dureté des bancs rocheux à attaquer, relativisant leur fonction purement défensive ".
(NB : 0.22 et 0.34 cm pour les parties les plus excavées sur le camp de la montagne de Bussy) .
D'après cette étude, de nombreux fossés très modestes, en avant de l'agger et particuliérement sur les plateaux (exemple sur Bussy), n'auraient réellement servi qu'à la construction de celui-ci, on peut donc s'étonner à plusieurs endroits de la faiblesse défensive du dispositif tourné vers les attaques extérieures, sachant que César s'attendait à une attaque d'une ampleur inégalée !
OPPIDUM D'ALISE : Les éboulis et colluvions en pied de falaise (p 70 à 72) :
"Les explorations archéologiques réalisés sur l'extrémité orientale du mont Auxois avaient pour but de discriminer les murs qui pouvaient dater du siège d'Alésia des autres structures antérieures...
Trois points d'observation présentés en fonction de leur position sur la pente permettent d'apprécier l'effet de la mise en culture du plateau au cours des périodes historiques.
... Une voie antique présentant deux ornières a été dégagée en rebord de plateau. .Latéralement aucun sol n'a été conservé antérieurement à l'époque gallo-romaine ; le murus et ses niveaux de destruction reposaient directement dur la roche. Cette voie gallo-romaine est actuellement recouverte par deux mètres de colluvions accumulées.
Sur la pente forte où affleurent les calcaires bajociens, un sondage montre une couche de colluvions de pente scellant des inhumations gallo-romaines installées dans un sol forestier.
Les colluvions supérieures sont antérieures au début du 1er siècle de notre ère , date de la construction du murus gallicus.
Ainsi la déstabilisation des sols de ce secteur est proche du début de l'époque gallo-romaine.
Un tronçon du murus gallicus dit murus fournier présentait une élévation de 1.3 à 2.2 m selon les endroits. Ce rempart ne reposait pas directement sur la roche mais sur une couche de terre épaisse d'environ 30 cm contenant un abondant mobilier céramique gallo-romain.
Toutes ces observations permettent d'attester que la déstabilisation des sols du plateau du mont Auxois est contemporaine de l'occupation gallo-romaine "
Cette conclusion de l'étude ne laisse entrevoir aucune ambiguïté, s'il y a bien quelques traces d'occupations à l'époque celtique sur l'oppidum (entre autre à En Curiot, murus et habitations datant vraisemblablement de la tène D2a, 80-55 av. J.-C,), globalement le plateau n'a été réellement occupé qu'à partir de l'époque gallo-romaine.
Les terrasses alluviales (p. 75)
"C'est à cet endroit que le fossé de 20 pieds a été installé par les armées césariennes pour rompre en bas de pente les éventuels assaut de la cavalerie gauloise.
La coupe de vérification du fossé a montré une marne altérée où le fossé est peu perceptible ; implantée légèrement en contrebas de ce replat, aucun sédiment fluvial n'a été clairement identifié."
Un fossé de 20 pieds donne à notre époque une largeur de plus de 6 mètres... Les travaux des dernières fouilles ont mis en évidence de nombreux fossés (y compris par photos aériennes), qu'il s'agisse de ceux appartenant à la contrevallation, circonvallation ou aux camps, et nous n'aurions pas retrouvé un fossé aussi important en taille ?
Dans la plaine tous les fossés ont été retrouvés (y compris un fossé non décrit par César), ne pas avoir localisé celui-ci est impossible !
Et pourquoi une seule coupe alors qu'un élément de cette importance, capital pour l'identification du site d'Alésia, en aurait nécessité plusieurs ?
En définitive la question se pose : Que recouvre le terme " peu perceptible " ? Ce fossé existe-t-il réellement à Alise-Ste-Reine ?
Les colluvions ( p. 76) :
"La continuité du fossé de contrevallation sur les flancs du mont Réa, dès que le versant s'amorce plus à l'ouest, n'a pas été reconnue . L'hypothèse d'un fossé entièrement arasé par l'érosion colluviale est peu probable ; il semble donc que le fossé ait été interrompu, phénomène lié à des hésitations de l'armée Césarienne ou bien à des contraintes paysagères (bosquet, broussailles, coteau boisé impénétrable sur la pente ?)."
L'érosion n'a donc pas fait disparaître les fossés sous le Réa, et bien que parfois le terrain soit difficile et non fouillé (vignes, refus d'autorisations, choix de fouilles, etc), il faut donc en conclure que le dispositif à cet endroit était adapté, différent ou ... non terminé !
Considérant l'exceptionnel dispositif militaire mis en place par César autour d'Alésia et considérant que dans ce secteur nous serions de plus à l'endroit présumé du camp nord - sans doute tout aussi excessivement fortifié - l'excuse des " contraintes paysagères " semble bien légère...
LES PLAINES ALLUVIALES : Limons alluviaux (p. 80) :
"Dans la plaine des Laumes , plusieurs occupations archéologiques ont pu être reconnues ... Bien que les niveaux archéologiques ne soient pas datés précisément , à l'exception de ceux du siège (!) ."
NB : (!) : dans le texte.
Cette phrase au sein de la rubrique " limons alluviaux " est loin d'être anodine, en effet il semble étrange de pouvoir dater précisément le niveau appartenant à l'épisode Césarien et ne pas pouvoir le faire pour les autres...
Bien entendu, les niveaux Césariens sont ceux qui tapissent le fond des fossés et ces derniers sont parfois exempts de contamination du fait de leur profondeur, mais n'y a-t-il pas malgré tout aveu de surinterprétation ?
LES TRAVAUX CESARIENS ET LEUR CONSERVATION : Sur les plateaux calcaires :
Le comblement définitif (p. 85)
"La couche sommitale de remplissage des fossés (fossés du camp A et du camp C) montre un mobilier typiquement gallo-romain; de plus le fossé du camp C, bien que peu profond, n'était pas entièrement comblé vers la fin du 1er siècle ap. J.C."
Cette analyse du comblement des fossés appartenant aux camps de hauteur, vient en confirmer les phases chronologiques, les fonds de fossés contiennent plus particulièrement du mobilier de fin d'époque républicaine. dans les couches supérieures de remplissage, il s'agit essentiellement de mobilier gallo-romain.
LE COUVERT VEGETAL (p. 92) :
"Les prélèvements palynologiques et anthracologiques effectués dans les couches tapissant le fond des fossés césariens sont particulièrement précieux car ils datent précisément de l'épisode du siège."
Contrairement à ce qu'une première lecture rapide laisse supposer, cette phrase ne signifie pas que ces analyses aient permis de dater précisément l'époque du siège.
Il faut comprendre l'inverse , comme il est supposé que les fossés sont d'époque Césarienne, il est donc admis que les prélèvements le sont aussi.
Les analyses palynologiques et anthracologiques ont effectivement permis de déterminer la nature et la proportion des espèces végétales présentes sur le site à l'époque de la construction des éléments de sièges mais en aucun cas il n'est question de datation !
Le paysage végétal lors du siège (p. 95) :
"Une série d'analyses a été réalisée sur les argiles limoneuses de la plaine alluviale de Grésigny mais seuls deux échantillons montrent une certaine richesse palynologique (plus de 100 pollens comptés) dont la position stratigraphique (...) permet de les attribuer à la période de l'âge de fer ou à l'époque gallo-romaine.
Cependant, l'interprétation de ces diagrammes est hasardeuse car les cortèges sont fortement altérés ( ...) dès lors ces analyses doivent être prises avec une grande prudence.
Les charbons de bois retrouvés associés aux structures du siège sont rares car le matériel ligneux est très mal conservé, souvent indéterminable."
Voilà les seules phrases évoquant une datation sur l'ensemble de l'analyse, d'un coté nous avons une fourchette de datation - large - et de l'autre une présence anecdotique de charbon de bois, présence insuffisante pour être exploitable.
Nous n'avons donc pas à Alise, de datation fine par ces moyens scientifiques !
Retour sur les fossés : La mise en eau du fossé 1 de la contrevallation (p. 92) :
"Dans la plaine des Laumes, au carrefour de l'épineuse, seul le premier fossé de la contrevallation, le plus proche du mont Auxois, offre un remplissage sablo-graveleux.
Ce large fossé à fond plat de la contrevallation présente une largeur oscillant entre 4.50 et 5.50 m et une profondeur de 1.30 m.
Son remplissage inférieur est constitué de couches horizontales de graviers et sables propres; les nombreuses figures sédimentaires de réactivation témoignent d'un flux d'eau important relatif à la dérivation de l'Ozerain dans ce secteur."
César dans ses commentaires, signale la mise en eau des fossés de défenses de la plaine , mais il semble qu'il faille restreindre cette description générale, seul le fossé à fond de cuve de la contrevallation (fossé 1) a été mis en eau volontairement, outre les problèmes de dénivelé, les cours de l'Oze et de l'Ozerain à faible débit en période d'étiage de l'été 52 av. J.-C. ne pouvaient alimenter qu'un seul fossé."
Dans cet espace, César tira deux fossés de quinze pieds de large et d'autant de profondeur ; celui qui était intérieur et creusé dans un terrain bas et inculte, fut rempli d'eau tirée de la rivière. Derrière ces fossés, il éleva une terrasse et un rempart de douze pieds ...
Il est permis de s'interroger sur la possibilité d'arriver à tirer de l'eau de deux petites rivières qui d'ordinaire constituent à peine un obstacle et qui en fin d'été sont quasiment à sec... Quel intérêt de remplir un fossé de quelques cm d'eau ? Pour quel usage défensif ?
Et comment expliquer la mise en eau de ces fossés par un fort courant, autrement que par un siège d'hiver ou de printemps ?
César précise aussi la nature du terrain, " bas et inculte ", il faut donc que la topographie de l'endroit présente une différence marquée entre le reste de la plaine et la partie où est située le fossé, la différence de niveau doit être sensible, est ce le cas à Alise ?
Bref ce premier chapitre laisse apparaître bien des incohérences, les suivants posent aussi beaucoup plus de questions qu'ils n'arrivent à en résoudre !
LES FOSSES
César arrêta son plan de fortification comme il suit. Il fit creuser un fossé large de vingt pieds ( 6 m ), dont les côtés étaient à pic et la profondeur égale à la largeur.Tout le reste des retranchements fut établi à quatre cents pieds ( 120 m ) en arrière de ce fossé ; il voulait par là (car on avait été obligé d'embrasser un si grand espace, que nos soldats n'auraient pu aisément en garnir tous les points) prévenir les attaques subites ou les irruptions nocturnes, et garantir durant le jour nos travailleurs des traits de l'ennemi. Dans cet espace, César tira deux fossés de quinze pieds de large ( 4.50 m ) et d'autant de profondeur ( 4.50 m ); celui qui était intérieur et creusé dans un terrain bas et inculte, fut rempli d'eau tirée de la rivière. Derrière ces fossés, il éleva une terrasse et un rempart de douze pieds ( 3.60 m )
AVERTISSEMENT : Il ne saurait être question d'exiger sur l'ensemble des travaux de siège, d'atteindre les valeurs données par César pour les fossés, soit 4.50 m de large pour autant de profondeur ( ? ), la topographie du terrain et sa géologie commandent souvent.
Il est à noter aussi que les mesures données par César s'appliquent d'abord et avant tout à la plaine, rien ne permet d'affirmer qu'elles ont été mises en oeuvre partout ; a contrario, retrouver ces mesures régulièrement autour d'Alise (autour d'Alésia), serait un élément d'identification capital.
On remarquera toutefois que la profondeur des fossés et leur forme ont une importance, un fossé en V de 2 m et
plus de profondeur est un obstacle important lors d'une attaque ; un fossé de forme arrondi, à fond plat de moins d'un mètre n'a qu'une valeur défensive relative.
Dans le cadre de la bataille d'Alésia, un fossé de faible profondeur ne paraît concevable que s'il est lui même précédé par des défenses avancées en nombre important et d'ampleur dissuasive.
CAMP C BUSSY
Fossé : largeur 4.20 m profondeur de 0.60 à 1.00 m forme en trapèze, fond relativement plat sur 1 m.
Porte orientale : Fossé larg 3.20 à 3.50 m prof 1.20 m profil en V (coupe AA') profil arrondi (coupe BB')
Fossés sud : larg 2.70 à 3 m prof 1.30 m le profil est globalement triangulaire
Fossés nord : larg 2.70 à 3 m prof 0.60 à 1.00 m et 1.30 m curviligne puis profil triangulaire
Circonvallation : larg 3.00 à 3.50 m prof 0.30 à 0.40 m curviligne et fond irrégulier
Chantier XXXVII sur le trop chaud : prof 0.35 m bord oblique, fond très plat
Diverticule : Fossé (1) larg 3 m, 6 m à l'endroit où les deux fossés se rejoignent, prof 0.60 à 0.96 m, bords très évasés et fond plat.
Fossé primitif (2) larg 3.50 m, prof 0.60 à 0.96 m, forme en V
Le camp C et la circonvallation sont d'une vulnérabilité excessive, fossés peu larges, fonds peu profonds et parfois plats ; de toute évidence, ces fossés pour la plupart ont servi à construire l'agger mais leur valeur défensive négligeable souvent conjuguée à des défenses avancées sommaires montrent que vraisemblablement on s'était muni de défenses " au cas où ", mais on ne croyait visiblement pas à une attaque extérieure sérieuse.
MONTAGNE DE FLAVIGNY / CAMP B
Fossé du camp : larg 2.4 m 1.50 m prof, forme en V dissymétrique, fond plat.
Circonvallation :
Fossé larg 3 m prof 0.60 à 0.70 m, fossé assez évasé
Extrait p 243 : " Il apparaît que, comme sur la montagne de Bussy, le fossé a essentiellement servi à extraire les matériaux de construction pour l'agger de la circonvallation,. Sa valeur défensive est donc toute relative."
Ajoutons à cela le fait qu'il n'existe aucun fossé à l'ouest de la circonvallation, pour ainsi dire le camp B n'a d'autre protection que son agger et ses soldats, là encore tout démontre qu'une attaque extérieure n'était pas prévue.
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CAMP A (plateau de Mincey, sud-est du mont Auxois) :
Fossé larg 2.20 à 2.30 m prof 0.80 à 1 m, profil en V ou légèrement incurvé, le fond est plat.
Fossé (4) larg 1.88 prof 0.80 m profil en V très étroit
Fossés de la circonvallation :
Fossé (2) larg 3.60 m profil hyperbolique
Fossé (1) larg 4.62 à 4.70 m prof 2 m, profil en pente douce évasé puis en V .
Fossé du camp (4) larg 1.34 à 1.50 m puis 1.97 m Prof 54 à 64 cm jusqu'à 80 cm, profil évasé puis en V
Fossé interne de la circonvallation : larg 2.16 à 2.50 m prof 0.63 à 0.98 m, profil plus ou moins triangulaire arrondi.
Sur le camp A, même si les défenses restent pour la plupart anecdotiques, on constate malgré tout que du coté de la circonvallation et notamment pour le fossé n°2, on se rapproche des chiffres donnés par César, pour quelle raison le camp A serait il mieux défendu, nécessité ou autorité militaire plus rigoureuse ?
Castellum 11
Au Nord (entre les lignes) fossé 3.60 m (fond 1.40 m) prof 0.60 m parois obliques très évasées et fond plat
Au Sud, aucun fossé retrouvé, ni celui du camp, ni celui de la circonvallation.
A noter qu'il s'agissait de simples sondages et non de fouilles sur une aire importante.
PLAINE DES LAUMES :
LA CONTREVALLATION :
3 fossés de contrevallation
César ne parle que de 2 fossés, alors que nous en avons 3, ce point semble disqualifier le site, mais la prudence s'impose car rien n'indique qu'il n'y ait pas eu un fossé primitif devant les "camps" de la plaine avant que César ne décide de renforcer son dispositif en faisant creuser les deux fossés de 15 pieds.
A noter que pour les archéologues, le système actuel tel qu'il se présente à Alise est le résultat d'une planification dès la mise en place des travaux de siège, ce qui implique que les trois fossés ont été creusés suivant un ordre chronologique pré-établi, dans ce cas il ne peut donc s'agir d'Alésia !
Fossé 1 extérieur (vers l'oppidum), présente plusieurs formes différentes mais à peu près toujours la même largeur soit 4 m à l'exception d'une portion de 6.50 m de largeur (prof 1.10 à 1.30 m), prof 1.50 m en moyenne. Profil à l'ouest en V, au sud-ouest large à fond plat et en forme de cuve
Fossé 2 (fossé médian), fossé en V se transforme à proximité de l'Ozerain
Fossé en V larg 3 m prof 1.50 m
fond plat en auge larg 4.70 prof 1.15
larg 3 m prof 0.50 m mais sans doute 1.50 m si on tient compte du sol antique
trapèze larg 2.50 m prof 0.80
larg 3.30 m prof 1.10
Fossé 3 devant l'agger, (dimensions du XIXe siècle : tranchée larg 3.80 m prof 1.20
fossé en forme de cuvette larg 3.20 m prof 1.30 fossé en V larg 1.80 à 3 m prof 0.70 à 1.20 m)
Fouilles actuelles larg 1.60 à 3.50 m
Là encore si certaines largeurs se rapprochent des chiffres donnés par César (quinze pieds de large = 4.50 m et autant de profondeur), les profondeurs sont toujours inférieures ou égales à 1.50 m, alors même que contrairement aux plateaux (qui du fait de leur structure géologique pouvaient s'avèrer difficiles à creuser par endroit) le sol de la plaine des Laumes ne présentait pas de difficultés particulières.
On notera que concernant la profondeur, la faiblesse de certaines mesures s'explique sans doute par la proximité de la nappe phréatique, assez rapidement affleurante, et problématique pour la continuité des opérations de fossayage.
On notera aussi qu'excepté une portion, aucune largeur ne correspond au chiffrage donné par César... Encore plus grave, nulle part dans la plaine les fossés ne présentent d'homogénéité, que ce soit en largeur, en profondeur et en forme !
LA CIRCONVALLATION
Fossé 1 extérieur, plusieurs largeurs différentes de 3.50 à 3.90 et 4.5 m prof 1.4 à 1.6 m, possible 2.10 m ? (non observable, en cause la remontée de la nappe)
Les croquis des coupes laissent entrevoir plusieurs formes différentes, du V évasé à une forme arrondie, en passant par une forme en cuve et à fond plat.
Fossé larg 2.20 à 3.8 m prof 0.90 à 1.80 m
Fossés en V, en fond de cuve , en auge , punique ...
Mêmes problèmes pour la circonvallation et la contrevallation.
César arrêta son plan de fortification comme il suit. Il fit creuser un fossé large de vingt pieds ( 6 m ), dont les côtés étaient à pic et la profondeur égale à la largeur.Tout le reste des retranchements fut établi à quatre cents pieds ( 120 m ) en arrière de ce fossé ; il voulait par là (car on avait été obligé d'embrasser un si grand espace, que nos soldats n'auraient pu aisément en garnir tous les points) prévenir les attaques subites ou les irruptions nocturnes, et garantir durant le jour nos travailleurs des traits de l'ennemi.
Fossé de 20 pieds larg 3.1m prof 0.95 m
Aucune similitude entre le texte de César (6 m de largeur) et ce fossé.
A noter que d'un strict point de vue militaire et du fait de sa distance avec le rempart romain, l'emplacement de ce " fossé " à Alise (700 à 900 mètres du rempart romain) est d'une inefficacité totale. Les engins de jets militaires romains (type balistes, catapultes, scorpions,...) ne pouvaient en aucun cas mettre le fossé à portée de tir, il pouvait donc être très facilement mis hors d'usage.
Il est intéressant de prendre connaissance sur le sujet de l'analyse de M.Reddé, en effet la tentation a toujours existé chez les Alisiens de traduire pieds par pas, autrement dit de substituer passus à pedes, ce qui permettrait au texte de se rapprocher des réalités du terrain.
Mais il est facile de constater que ce sont deux mots bien différents et souvent employés dans le BG, la possibilité de les confondre est donc très faible et encore faudrait-il pouvoir démontrer que les copistes ont fait erreur !
Sur ce sujet précis M.Reddé remet les pendules à l'heure (p. 502 à 503).
Il est en revanche absolument impossible de réduire l'écart entre le texte Césarien , qui décrit ce fossé de 20 pieds et la réalité du terrain .
Non seulement ce fossé n'est pas à 120 m (400 pieds) de la contrevallation, mais il n'est même pas à 600 m (400 pas) et il n'a de toute façon pas 20 pieds de large, ce qu'avaient déjà montré les fouilles du second empire, mais qui perturbait beaucoup Stoffel (...).
Le seul sondage que nous avons pu mener sur ce fossé confirme les données des fouilles anciennes.
Il est donc parfaitement inutile de vouloir corriger la mesure que donnent tous les manuscrits (pedes), comme on l'a fait trop souvent et de manière arbitraire.
PLAINE DE GRESIGNY
2 fossés de Contrevallation
Fossé externe larg 3.80 m prof 1.25 m parois évasées et fond plat (fond de 1.80 m) mis en eau avec violent courant fluviatile, vraisemblablement par détournement de l'Oze.
S'agissant d'un siège d'été, cette mise en eau brutale est hautement improbable, ce qui ne serait pas le cas pour un siège d'hiver ou de printemps.
Fossé intérieur en forme de V (relativement évasé) larg 3.80 m prof 1.40 m
Au pied du mont REA
Fossé 2 en V très évasé larg 4 à 4.20 m prof 1.40 à 1.60 m
Fossé 3 en V larg 3.80 à 4 m prof 1.80 m
On se rapproche du standard Césarien sans pour autant là encore pouvoir l'atteindre
Circonvallation plaine de GRESIGNY
Fossé avec profil V évasé larg 3.60 (estimé à l'origine à 4.50 m) prof 1.50 m (chantier XXVII)
Le même fossé larg 2.50 m prof 0.95 m (chantier XXVIII)
A noter sur le chantier XXXIII vers le REA, que le fossé n'a pas été retrouvé
Chantier LIII, on retrouve le fossé sous une forme très amoindrie (0.60 m de prof), possible érosion due à la culture de la vigne, mais secteur d'accumulation de bas de pente, donc probabilité forte d'inachèvement du fossé dans cette zone.
Chantier XXVI fossé à profil en V larg 3.85 à 4.50 m prof entre 1.50 et 2 m
Chantier L fossé en V évasé larg 2.50 m prof 1 m (là où il est le mieux conservé)
La circonvallation dans la plaine de Gresigny est l'un des endroits où "certaines" largeurs correspondent le mieux au texte de César, pour les profondeurs c'est moins évident : en tout état de cause, on constate encore, sur un même secteur, le même manque total d'homogénéité, incompréhensible dans le cas des travaux de siège d'Alésia situés dans la plaine !
Contrevallation VALLEE DE L'OZE
1 seul fossé larg 3 m prof 1 m en V évasé
Au pied du PENNEVELLE
Contrevallation : Fossé V assez évasé larg 2.50 m prof 1 m
Circonvallation : Fossé en V parois obliques évasées larg 4.70 et fond arrondi prof 1.70
A cet endroit le fossé de circonvallation est crédible.
LES TOURS
Derrière ces fossés, il éleva une terrasse et un rempart de douze pieds ; il y ajouta un parapet et des créneaux, et fit élever de grosses pièces de bois fourchues à la jonction du parapet et du rempart, pour en rendre l'abord plus difficile aux ennemis. Tout l'ouvrage fut flanqué de tours, placées à quatre-vingt pieds ( 24 m ) l'une de l'autre.
César est très précis sur les distances entre tours, bien évidemment et encore une fois, cette mesure standard s'applique-t'elle à l'ensemble des fortifications ou uniquement à celles de la plaine ?
Il est impossible d'être affirmatif !
On peut remarquer néanmoins que même dans la plaine, le chiffre donné par César n'est que rarement approché...
Et comme pour les fossés, il est étonnant de constater le manque total d'homogénéité entre secteurs, voire même sur un même ouvrage (contrevallation dans la plaine des Laumes).
A noter enfin que s'il existe sur le site d'Alise, un endroit où les mesures relevées en fouilles se devaient (se devraient ?) d'être les plus conformes au texte, c'est bien la contrevallation de la plaine des Laumes, puisque directement concernée par le gabarit donné par César !
CAMP C
Distance entre chaque tour = 60 m (p. 200)
Une seule tour mise au jour, mais une deuxième est bien visible par photographie aérienne : "Un calcul d'échelle permet d'estimer que la seconde tour est distante de près de 60 m de la première."
CAMP B
3 tours, une quatrième supposée, 6 m entre les tours (p. 237 à 240)
"Le faible espacement entre les tours contraste avec les distances relevées ailleurs sur les lignes romaines (15 à 18 m dans la plaine)."
CAMP A
15 m d'intervalle entre les trous de tour (p. 251 et 258)
"Quinze paires de trous creusés dans la roche ont été observés à des intervalles de 15 m , les trous de chaque paire sont distants de 3 m.
Tour d'angle (...) Aucun autre trou de poteau n'a été découvert entre cette tour et la porte nord sur une distance de 12.47 m."
LA CONTREVALLATION - PLAINE DES LAUMES
12 tours reconnues (p. 342) intervalles entre les tours de 12.50 à 17 m (p 345) à noter que cet intervalle est mesuré depuis le milieu du poteau postérieur.
LA CIRCONVALLATION - PLAINE DES LAUMES
L'intervalle entre les tours est de 16.80 à 17.50 m de bord à bord ou de 21-22 m d'axe en axe (p.384-385) .
LA CONTREVALLATION - PLAINE DE GRESIGNY - PIED DU REA
Tours tous les 15 m ou 18.50 m d'axe en axe (p. 417 et 424), 2 tours retrouvées.
Globalement dans ce secteur et particulièrement au pied du Rea, la présence de tours semble anecdotique ou non détectée.
Chantier XXIX : "aucun vestige pouvant signaler la présence d'un agger et de tours n'a été décelé à l'arrière du fossé 3."
LA CIRCONVALLATION - PLAINE DE GRESIGNY
Quatre tours ont été reconnues. Les tours sont distantes de 16 m de bord à bord, 20.5 et 21 m d'axe en axe (p. 461)
Conclusion : A l'instar des fossés du siège, l'hétérogénéité semble être la règle, ce qui pose problème.
Si on peut excuser des mesures différentes sur les plateaux, bien que ceux-ci ne présentent pas de problème de reliefs particuliers, les différences de mesure relevées dans la plaine des Laumes sur la contrevallation (de 12.50 m à 17 m), ne s'expliquent pas.
Par ailleurs, faut-il calculer les distances de bord à bord ou d'axe en axe ?
Dans tous les cas, si on excepte la circonvallation de la plaine des Laumes et éventuellement celle de Gresigny qui se rapprochent les mesures données par César - et encore faut il se baser sur les calculs effectués d'axe en axe - on est loin du compte et de la rigueur du gabarit Césarien (24 m)
LES PIEGES
À cet effet, on coupa des troncs d'arbres et de fortes branches, on les dépouilla de leur écorce et on les aiguisa par le sommet ; puis on ouvrit une tranchée de cinq pieds de profondeur, où l'on enfonça ces pieux qui, liés par le pied de manière à ne pouvoir être arrachés, ne montraient que leur partie supérieure. Il y en avait cinq rangs, joints entre eux et entrelacés ; quiconque s'y était engagé s'embarrassait dans leurs pointes aiguës - nos soldats les appelaient des ceps -. Au devant, étaient disposés obliquement en quinconce des puits de trois pieds de profondeur, lesquels se rétrécissaient peu à peu jusqu'au bas. On y fit entrer des pieux ronds de la grosseur de la cuisse, durcis au feu et aiguisés à l'extrémité, qui ne sortaient de terre que de quatre doigts ; et pour affermir et consolider l'ouvrage, on foula fortement la terre avec les pieds : le reste était recouvert de ronces et de broussailles, afin de cacher le piège. On avait formé huit rangs de cette espèce, à trois pieds de distance l'un de l'autre : on les nommait des lis à cause de leur ressemblance avec cette fleur. En avant du tout étaient des chausses-trappes d'un pied de long et armées de pointes de fer, qu'on avait fichées en terre ; on en avait mis partout, à de faibles distances les unes des autres ; on les appelait des aiguillons.
Et voici le texte de César " décrypté " pour nous par J.Le Gall :
"On coupa des arbres ou des branches robustes en conservant leurs rameaux ; on les écorça , on les tailla en pointe et on les fixa au fond de cinq long fossés parallèles, profonds de cinq pieds (1.50 m).
En les attachants entre eux pour qu'on ne pût les arracher.
Ces fossés étaient suffisamment rapprochés pour que les rameaux fussent entremêlés ; ils se trouvaient juste en avant des deux grands fossés qui protégeaient le rempart : Telle est du moins, l'interprétation qui parait la plus vraisemblable, bien quelle ne soit pas la seule possible, car la phrase de césar n'est pas claire .
Les soldats appelèrent ces obstacles Cippi (...).
En avant des Cippi, on creusa en quinconce des trous coniques profonds de trois pieds (0m90) et on y fixa solidement de gros pieux pointus, durcis au feu, qui dépassaient à peine au dessus du sol.
On dissimula ces pièges sous des branchages et des broussailles ; en raison de leur forme, on les appela les " lis " ; il y en eu huit rangs distants de trois pieds, ce qui donnait à cet obstacle une largeur de vingt et un pieds (6 m 50)...
Enfin en avant des lis on dissimula en très grand nombre et sans ordre des pieux d'un pied de long seulement (0.30 m) entièrement enfoncés dans le sol, qui portaient des crochets de fer à leur extrémité supérieure.
Pratiquement invisibles ces crochets blesseraient profondément les pieds de ceux qui marcheraient dessus ; avertis par leur malheur, les autres assaillants regarderaient où ils mettraient les pieds, ralentiraient et l'attaque perdrait déjà de son élan...
Les soldats les appelèrent aiguillons (stimuli)."
César a-t-il inventé tous ces pièges, comme il le laisse entendre, ou les a-t-il seulement recyclé pour l'occasion, ce qui est probable ?
A la lecture du texte, ce qu'il faut remarquer, c'est l'extrême densité des aménagements, leur pertinence défensive et la solidité des ouvrages (profonds et solidement arrimés au sol ou les uns aux autres).
D'ailleurs César ne manque pas de (nous) rappeler leur efficacité lorsqu'il parle de l'attaque de la circonvallation dans la plaine.
Description :
Ce travail fini, César fit tirer dans le terrain le plus uni que pût offrir la nature des lieux, et dans un circuit de quatorze mille pas, une contrevallation du même genre, mais du côté opposé, contre l'ennemi du dehors (7,74)
Attaque de l'armée de secours :
Tant que les Gaulois combattirent éloignés des retranchements, ils nous incommodèrent beaucoup par la grande quantité de leurs traits ; mais lorsqu'ils se furent avancés davantage, il arriva ou qu'ils se jetèrent sur les aiguillons qu'ils ne voyaient pas, ou qu'ils se percèrent eux-mêmes en tombant dans les fosses garnis de pieux, ou enfin qu'ils périrent sous les traits lancés du rempart et des tours. Après avoir perdu beaucoup de monde, sans être parvenus à entamer les retranchements (7,82)
A noter cette indication donnée par César, les gaulois tombaient dans les " trous de loup *" et étaient transpercés par les pieux, ce trait littéraire de César ne doit pas être surinterprété mais il semble impliquer des fosses d'une profondeur importante et d'un diamètre conséquent.
L'emprise du sol antique n'étant pas toujours aisée à définir surtout dans une plaine inondable et cultivée, il faut donc être prudent quand à l'interprétation des dimensions des trous de loup à Alise, mais les distorsions avec le texte semblent réelles.
* Trous de loup = Lilias = Lis
La montagne de Bussy par Philippe Barral, Jacky Bénard, Jacques Monnier :
Le CAMP C :
Les défenses avancées (p. 202 à 204) :
Elles se composent de quatre tranchées étroites et peu profondes qui constituent les fondations d'obstacles en bois dont les logements ont été retrouvés .
A quelques détails près, ces tranchées sont identiques. Elles sont strictement parallèles...
L'espacement entre chaque tranchée est régulier, autour de 1.20 /1.30 m, tandis que la distance entre la dernière tranchée et le fossé est un peu plus réduite (1 m).
La largeur des tranchées varie entre 0.25 m et 0.50 m, mais se situe généralement autour de 0.40 m.
Leur profondeur est également irrégulière (0.15 et 0.35 m) avec une moyenne de 0.25 m.
Le creusement de ces tranchées revêt un caractère sommaire, voire inachevé.
Chantier XXXVII :Les défenses avancées (p. 217) :
Elles se limitent à quatre rangées étroites et peu profondes, identifiables comme les fondations d'une série d'obstacles en bois ayant disparu sans laisser de traces.
Aucun aménagement n'a été décelé en avant de ce système.
La disposition des rangées , la forme de leur creusement appellent les mêmes remarques que celles qui ont déjà été faites .
En particulier, on note la même irrégularité dans les profondeurs des tranchées, les mêmes interruptions et paliers qui laissent une impression de mise en oeuvre sommaire, voire d'inachèvement.
Des défenses sommaires dont l'organisation fait penser à des Cippi, mais des Cippi de piètre envergure si on doit les comparer à ceux décrits par César.
La montagne de Flavigny par Jacques Monnier :
Le CAMP B :
Les défenses avancées (p. 246-247) :
Trois saignées parallèles, étroites (max 0.50 m) et peu profondes (0.50 m - 0.12 m) bordent sur l'avant le fossé du camp B et après un coude, celui de la circonvallation.
L'espacement entre ces trois lignes est constant ( environ 1.50 m ) .
Des calages distants de 0.95 m, à la hauteur du point d'inflexion des lignes indiquent la présence de boisements légers (branchages ?)* et autorisent une comparaison avec le système découvert sur la montagne de Bussy.
Mêmes remarques que pour Bussy, une rangée de défenses en moins.
* Branchages ? D'après César : On coupa des arbres ou des branches robustes...
Le CAMP A par Véronique Brouquier-Reddé :
L'extérieur du camp (p. 263) :
Aucune défense n'a été découverte en avant du fossé ou de la porte, sur une distance de 8 m environ (jusqu'à 20 m de l'angle nord-ouest) ; la plantation d'arbre a détruit, par endroit, le niveau supérieur du substrat.
Sud-ouest et circonvallation (p. 269) :
...une structure de pierres calcaires posées de chant (...) entaille le substrat sur une profondeur de 0.35 m à 2 m du bord externe du fossé 1 de la circonvallation.
On pourrait y reconnaître le calage d'un piège du système défensif césarien, mais son caractère isolé, dans une zone fortement érodée, laisse la question ouverte.
La porte sud du camp et la circonvallation (p. 270)
Zone à l'avant du fossé 1 ; Aucune défense n'a été repérée en avant du fossé 1 de la circonvallation sur une distance de 4.50 m, mais l'étroitesse du décapage limité par les cultures ne permet aucune certitude.
Si on peut admettre que des fouilles inachevées n'ont pu permettre la mise en évidence de l'ensemble des structures défensives et si l'on peut admettre aussi que celles ci ont été détruites par endroit, leur absence quasi totale est surprenante, surtout si on établit une comparaison avec Bussy et Flavigny.
La taille des fossés de la circonvallation (profondeur plus importante que sur les autres camps) sur le camp A suffisait elle à assurer la défense du camp ?
LE CASTELLUM 11 par Martine Joly et Philippe Barral
Page 293 : Aucune trace de défenses avancées n'a par ailleurs été décelée en avant, dans un contexte géologique il est vrai peu propice à leur mise en évidence.
Mêmes remarques que précédemment, sauf qu'ici la forme du fossé et sa profondeur (0.60 m), impliquent une efficacité défensive quasi nulle...
Ajoutée à l'absence (?) de défenses avancées, il est permis de se demander, si le castellum 11 aurait pu résister ne serait-ce qu'à quelques centaines d'assaillants.
LA PLAINE DES LAUMES coordination de Siegmar Von Schnurbein
Fouilles 1991 (chantiers I, II , III , VIII , IX) pages 307-308 :
Alors que dans le chantier II, des " trous de loup " étaient effectivement retrouvés devant le fossé I de la circonvallatio , à proximité de leur emplacement découvert en 1862, le chantier VIII à l'exception du bord du fossé 2 de la contrevallation marqué par du gravier, se révéla vide de structures saisissables, en dépit de sa dimension (25 X 5 m) .
L'absence totale de vestiges à cet endroit, surtout si l'on considère le chantier XVI, reste aujourd'hui encore une énigme.
A partir des fouilles 1992 (politique de fouilles en grandes aires ouvertes, décapage juste en dessous de l'horizon de labour) :
Chantier XVI : On a pu reconnaître (...) les pièges longtemps cherchés entre les fossés sur le glacis.
Il est vrai que dans ce dernier cas la réussite n'a pas toujours été totale.
La Contrevallation par Siegmar Von Schnurbein :
La zone en avant du fossé I (p. 311) :
Conformément à la description de César, nous pensions devoir trouver sur le glacis situé en avant du double fossé de la contrevallation les ouvrages de défenses avancées, tout du moins des traces de Cippi profonds de 1.50 m.
Pourtant dans aucun des chantiers de fouilles correspondants il n'a été fait la moindre découverte de ce type.
Il convient cependant de remarquer que les sondages effectués en 1991, ont été creusés trop profondément, que le chantier XXIV n'a pas été fouillé de manière complète en raison de mauvaises conditions météorologiques et par manque de temps.
En 1996 l'élargissement du chantier I, destiné à vérifier une nouvelle fois la présence ou l'absence de piéges en avant des fossés , n'a donné aucun résultat , bien qu'à cette date l'équipe de fouille ait accumulé une grande expérience (...)
Si nous admettons provisoirement qu'aucun obstacle n'a existé devant le fossé double, il faudrait cependant lors des recherches futures, procéder à une nouvelle vérification complète de ce secteur car la question reste en suspens.
S'il est bien évident que les excuses formulées par S.von Schnurbein sont recevables et probablement fondées, il convient pourtant de remarquer que si César a dit vrai concernant la profondeur des Cippi, voire même des trous de loup, il paraît étonnant et même impossible que ces pièges n'aient pu être décelés à l'endroit même de la description de César.
Il est bien évident par ailleurs qu'il a dû exister des pièges devant la contrevallation, leur absence n'est due qu'à leur taille qui comme partout autour d'Alise devait être relativement modeste.
La question reste effectivement en suspens (si Alise est bien Alésia), dans le cas contraire l'absence totale du dispositif décrit par César ne surprend pas.
La Circonvallation par Véronique Brouquier-Reddé :
Les défenses avancées (p. 359 à 366) :
Les fouilles de 1862-1863 avaient permis de mettre au jour, devant le fossé I, de la circonvallation, une série de trous de loup, que les fouilles dans les chantiers II, XV, XXII et XLVIII ont permis d'identifier de nouveau.
C'est dans le chantier XXII que le système apparaît avec la plus grande évidence, on peut en effet restituer six rangées distantes entre elles d'environ 1.20 m, et parallèles au fossé I .
Leur profondeur varie entre 15 et 32 cm.
Seules étaient bien distinctes les rangées 1 à 4, alors qu'on ne connaît que deux traces certaines, assez éloignées l'une de l'autre, sur les rangées 5 et 6.
Si l'on prend en compte les rangées 5 et 6, le dispositif commence à 1.50 m devant le fossé I et s'étend sur une profondeur d'environ 6 m.
Dans le chantier XVIII ...) On reconnaît six rangées éloignées l'une de l'autre de 1.20 m...
Le chantier XV a révélé en revanche un ensemble plus complet et homogène, mais avec seulement cinq rangées de fosses disposées en quinconce, à une distance de 1.20 m l'une de l'autre.
Les diamètres des défenses avancées, de forme circulaire ou subcirculaire, découvertes dans les chantiers II et XV variaient de 20 à 35 cm, les profondeurs entre 20 et 30 cm.
La forme conique est particulièrement visible dans la coupe des défenses 12 et 13.
Ce n'est que rarement que les défenses contenaient des graviers, des charbons de bois, ou des céramiques modelées d'origine protohistorique.
Des questions de formes et de dimensions restent donc pendantes et une généralisation des découvertes ne peut être faite.
Peut être les structures fossoyées offraient elles des variations de formes devant les différents secteurs de la circonvallation, ce que semble indiquer les écarts entre les données de fouilles d'un chantier à l'autre.
A aucun endroit n'ont pu être mises en évidence les traces noires observées en 1861-1864 dans les trous de loup.
Pour aller plus loin, il faut prendre connaissance des pages 362, 363 et 364 sur les résultats des fouilles du siècle dernier éloignées d'une cinquantaine de mètres, fouilles décrites par V.Pernet :
Les rangées de trous de loup étaient toutes en quinconce et distantes entre elles de 2.50 m, quand aux trous ils étaient distants entre eux de 3.50 m.
Les trous avaient en moyenne 0.80 m de diamètre d'ouverture et 0.80 m de profondeur.
Certains avaient 0.90 m de profondeur et 0.45 m de diamètre.
Dans beaucoup on devinait par des traces noires de bois le pieu qui avait été fiché dedans.
Dans une autre lettre les mesures sont différentes, cinq rangées de trous de loup sont décrites, distances entre les lignes 2.60 m, chaque trou à 2.60 m du précédent, profondeur 0.70 m et diamètre 0.86 m.
Les fouilles actuelles délivrent en moyenne une distance de 1.20 m entre les rangées de 1.20 m et une profondeur maximum de 0.30 cm, le diamètre étant lui de 35 cm maximum.
Il est possible de remarquer non seulement la différence des découvertes actuelles avec le texte de César, mais aussi avec les résultats de fouille du siècle dernier.
Faut-il alors supposer que les fouilleurs du XIXe siècle ont menti ?
Il n'en demeure pas moins, malgré la grande qualité des recherches de Napoléon III à une époque où l'archéologie était balbutiante, que de nombreuses zones d'ombres subsistent et les soupçons de tricherie n'ont pas cessé depuis !
Objectivement, il faut toutefois remarquer un élément qui semble prouver le sérieux de certaines données du
siècle passé, Pernet admet n'avoir trouvé que cinq rangées au lieu des huit décrites par César, il lui aurait été facile de les extrapoler et de déclarer un chiffre conforme au
texte.
Si on peut donc, et à priori, écarter le mensonge pur, il paraît par contre évident que Pernet a volontairement surinterprété les rapports de fouilles, il n'y a aucune raison pour que les trous découverts au siècle dernier soient plus profond que ceux des dernières fouilles. On remarque d'ailleurs que le chiffre de 0.90 m de profondeur est stricto sensu celui donné par César, Pernet a très probablement extrapolé la profondeur des cônes par rapport au texte de César.
On constate par ailleurs une certaine homogénéité des structures défensives sur les différents secteurs de la circonvallation ce qui semble logique, par contre la comparaison avec le système décrit par César s'avère improbable sinon impossible.
Aucune trace de stimuli*, même si cette absence due à leur petite taille était prévisible, 6 lignes de trous de loup au lieu des 8 attendus, et surtout absence totale des Cippi.
L'absence des Cippi ne doit pas être prise à la légère, il s'agit d'un des éléments le plus important du dispositif Césarien, tant en taille qu'en efficacité défensive, et cela particulièrement dans la plaine extérieure, qui pouvait être soumise à attaque de cavalerie où cet obstacle devait sembler infranchissable.
L'absence de cet élément défensif tant du coté de la contrevallation que du coté extérieur paraît être de nature à remettre sérieusement en cause l'identification avec le siège décrit par César.
* Des traces de Stimuli auraient toutefois été détectées en lieu et place des Lilia, mais la démonstration n'est guère probante.
A noter qu'une fosse de très petite taille n'est pas facilement interprétable, surtout en l'absence de tout élément métallique.
Le glacis entre les fossés ( p. 372 à 376):
Entre les deux fossés de la circonvallation existe un espace libre d'environ 8/9 m de largeur, que, comme dans le cas de la contrevallation nous appellerons du nom moderne de " glacis ".
Nous avons recherché aussi là aussi la présence de pièges, mais avec des succès variés : dans le chantier XXII, aucun n'a pu être identifié, alors que des niveaux de débitage néolithique ou un niveau de sépulture de l'âge de bronze, du bronze moyen ont pu être mis en évidence.
Chantier II la zone a été détruite par les fossés du pseudo camp I, en revanche le chantier XV a permis les observations suivantes: entre les deux fossés distants de 8 m, apparaissent au moins deux lignes parallèles à la circonvallation, composées d'amas de graves de 14 cm de diamètre espacés de 10 à 30 cm (prof 16 cm).
On peut vraisemblablement restituer quatre lignes de défenses espacés chacune de 2 m environ.
La fouille du chantier XLVIII a permis elle aussi de mettre en évidence sur le glacis au moins une rangée de pièges, à 1.75 m devant le fossé 2.
La coupe en bordure du sondage permet de suivre ces structures jusqu'à la limite inférieure de l'humus et témoigne du fait que le niveau césarien doit être recherché dans la zone touchée par les labours modernes voire un peu au dessus.
Faut-il vraiment s'attarder sur l'absence ou la présence de structures défensives entre les fossés ?
D'une part, César n'a pas écrit une ligne sur le sujet, d'autre part, la structure même du glacis rend les recherches aléatoires ; en effet le glacis entre les fossés est aussi constitué de terre rejetée des fossés lors de leur creusement, l'épaisseur de terre ainsi extraite est difficile à estimer, il est de toute façon probable qu'il y avait plusieurs dizaines de cm au dessus du sol antique.
Si les piéges ont été creusés en partie dans ce sol " provisoire ", ils étaient à l'évidence voués à une disparition plus rapide et plus importante, d'où une mise au jour beaucoup plus malaisée et difficilement interprétable.
A noter aussi qu'à priori si on suit César, il semble difficile de croire qu'il y ait pu y avoir de la place pour un glacis défensif entre les deux fossés...
La plaine de Gresigny et le mont Réa par Martine Joly et Philippe Barral
La contrevallation dans la plaine de Grésigny (p. 421 à 424) :
Des défenses avancées ?
Les investigations menées à l'avant du fossé I se sont révélées peu probantes. Six anomalies de forme circulaire, de tailles variées (10 à 30 cm de diamètre) ont été décelées.
Elles apparaissent sous la forme de tâches (...) incluant des charbons de bois de petite taille mais en nombre assez important.
Ces petites fosses étaient conservées au maximum sur une dizaine de centimètres d'épaisseur.
Éparses et peu nombreuses, elles ne sont pas interprétables de façon sûre comme les vestiges de défenses avancées.
Les défenses intermédiaires :
Elles étaient matérialisés par des petits amas de graves apparus entre les deux fossés de contrevallation.
Ces amas présentaient en surface des formes irrégulières, plus ou moins circulaires ou ovales et des tailles variables (10 à 30 cm) .
Ils dessinaient quatre lignes parallèles entre elles et au bords des fossés.
On trouve le même espacement entre la première et la seconde ligne et entre la troisième et la quatrième, soit 1.20 m et 1.30 m.
Le mauvais état de ces structures ne permet pas d'en discerner l'organisation initiale (...).
Pour les défenses intermédiaires, même constat que pour la circonvallation dans la plaine des Laumes.
Concernant les défenses tournées vers l'oppidum, les traces fugitives décelées ne permettent aucune interprétation fiable, nous sommes donc là aussi dans le même cas de figure que dans la plaine des Laumes, avec une absence (?) de structures qui ne s'explique pas ! En tout état de cause la mise en parallèle avec le texte Césarien est impossible.
La contrevallation au pied du mont Réa :
Fossé 3 et trous de loup (p. 437 à 439) :
Six rangées de type " trous de loup " disposés en quinconce ont été mis au jour en avant du fossé 3. Cet ensemble décapé et relevé sur une longueur de 22 m, est parallèle au fossé 3 (...) il s'interrompt brutalement à 15 m du fossé 2.
Les six rangées se développent sur un espace large de 6.20 m. Les trous de loup, espacés de 1.20 à 1.30 m d'axe en axe, apparaissent comme des fosses sensiblement circulaires.
leur diamètre (...) variait peu autour de 0.50 m. Ils présentent tous un profil en forme de cône inversé, dont la hauteur conservée varie entre 0.32 m et 0.56 m.
On ne distingue au sein du comblement aucune trace d'élément en bois (fantôme de pieu sous la forme de traces ligneuses ou charbonneuses) ou de calage d'un élément central (...).
Bien au contraire, l'un des trous renfermait un fer de javelot qui reposait la pointe légèrement fichée sur le fond (...) la découverte de cet objet confirme l'absence de calage dans la partie inférieure des fosses.
Ces différentes observations amènent à la conclusion que ces structures étaient vides et se sont comblées naturellement.
L'hypothèse qu'elles aient pu renfermer des pieux (ou tout système comparable) qui n'auraient bénéficié d'aucun calage et auraient disparu sans laisser de trace (...) est peu vraisemblable.
L'hypothèse d'un système inachevé est également peu recevable.
Les données de fouilles sont donc dans ce cas précis en contradiction avec le texte de César.
Aucun autre système de piéges n'a été décelé en avant des trous de loup ou en position intermédiaire, entre les trous de loup et le fossé 3.
Les traces de charbons de bois ou de calage d'un éventuel pieu au fond des trous étaient déjà ténus sur les autres secteurs fouillés, secteurs où d'ailleurs il n'existe aucune certitude sur le système éventuellement mis en place à l'intérieur des fosses, ici les Lilia sont vides !
Encore une fois le manque total d'homogénéité de l'ensemble des ouvrages défensifs est à remarquer.
La contrevallation près de l'Oze :
Chantier XXIX (p. 444) :
Mise en évidence de défenses situées en avant du fossé, d'un type différent de celles reconnues plus à l'est.
Ces défenses (...) distantes en général de 0.20 à 0.30 m les unes des autres, dessinent deux lignes parallèles au fossé.
La première rangée est implantée à 1.80 m devant le bord du fossé; les deux rangées sont espacées d'environ 2 m l'une de l'autre.
(...) de petites fosses (...) dont deux contenaient des vestiges de bois. Il s'agit de traces d'éléments de 6 cm de diamètre, conservées sur 16 cm de haut.
Ces vestiges sont comparables à ceux reconnus par exemple entre les deux fossés de la contrevallation de Gresigny.
La contrevallation dans la vallée de l'Oze par Alain Gelot et Michel Reddé :
Les Cippi (p. 475-476)
Découverte de trois lignes parallèles au fossé de la contrevallation. Ces trois lignes apparaissent en coupe de façon très nette. Par comparaison avec d'autres structures découvertes (Bussy, plaine de Gresigny) ces petits fossés peuvent être identifiés aux Cippi décrits par César...
D'une hauteur de 0.35 m, leur forme est en U. Les parois sont verticales, le fond plat.
Deux sections longitudinales n'ont pas montré de traces visibles d'installation interne.
A comparer aux découvertes du pied du Rea puisqu'il s'agit de la contrevallation et que les secteurs ne sont pas très éloignés, on passe là, des fosses aux " Cippi ".
Mais des Cippi sans aucune trace d'éléments, ni calage... Et des Cippi, encore une fois, de faible développement, sans commune mesure avec les descriptions de César.
La Contrevallation et la Circonvallation au pied du Pennevelle par Martine Joly et Philippe Barral :
Les structures du siège (p. 483-484)
Absence apparente de structure interprétable.
La Circonvallation :
Les structures du siège (p. 467) :
La recherche de défenses avancées, tant en plan qu'en coupe, s'est avérée infructueuse malgré un contexte géologique plus favorable.
Rien au pied du Pennevelle, absence " excusée " par le terrain difficilement lisible sur le secteur de la contrevallation.
Tout autre est la situation de la circonvallation, l'absence de pièges n'est pas explicable par le contexte géologique, il n'y a donc vraisemblablement pas eu de pièges sur ce secteur, sauf à supposer des structures défensives " légères ".
La taille des fossés (conséquents sur le secteur de la circonvallation du Pennevelle) suffisait-elle à assurer la défense des lignes romaines ?
En guise de conclusion, le constat est simple, à aucun moment sur le site d'Alise, il n'existe un système de pièges qui se rapproche réellement de la description Césarienne, qu'il s'agisse de la taille des pièges ou de leur organisation.
Concernant la taille, faut-il considérer l'ensemble des distorsions avec le texte, comme définitivement éliminatoires ?
Cela serait aller un peu vite en besogne, en effet l'ensemble du site d'Alise a été mis en culture de manière assez intensive dès l'époque gallo-romaine, une bonne partie des pièges a pu être fortement altérée voire totalement éradiquée pendant les deux milliers d'années qui se sont écoulés depuis lors.
Le problème de l'organisation des pièges est autrement plus dérangeante, pas une seule fois sur l'ensemble des ouvrages défensifs romains, tant dans la plaine que sur les plateaux, le système défensif ne s'approche du texte, pire sur le secteur de la contrevallation de la plaine des Laumes, secteur décrit avec précision par César, le système est peu lisible ou carrément absent.
Là où César décrivait 5 rangs de Cippi implantés à 1.50 m de profondeur, il en a été retrouvé au maximum 4 rangs (si tenté qu'il s'agisse réellement de Cippi) d'une profondeur de 0.50 m au grand maximum.
Là ou le texte parlait de 8 rangs de Lilia (ou trous de loup), il n'a jamais été possible d'en deviner plus de 6.
Quand à la succession de pièges décrits par le texte des commentaires - Cippi ,Lilia ,Stimuli - elle n'apparaît jamais.
Pour autant, il est concevable que l’on puisse considérer que cela n'est pas grave... Seulement et seulement si, d'un point de vue strictement archéologique, on estime que l'étude d'un siège romain à Alise s'est déroulé dans des conditions dont peu d'événements de ce type ont pu bénéficier .
Il va de soi que si l'on recherche une cohérence même partielle avec le texte de César, le terrain à Alise, refuse toujours et obstinément la comparaison !
Trous de loup, exemple Rough castle :
Les trous de loup ont été utilisés pendant toute la période romaine et ne sont donc pas exclusifs du siège de César, il existe des exemples parlants à Rough castle, forteresse romaine sur le mur d'Antonin en Angleterre.
LES LIGNES
Les lignes d’investissement à Alise-Ste-Reine ont-elles les dimensions requises par le texte des commentaires.
Le shéma ci-après extrait du livre de Paul René Machin : A la recherche d’Alésia, nous offre une restitution pertinente des mesures données par César, en les comparant à celles du site d’Alise-Ste-Reine.
Il est toujours possible de récuser les distorsions entre le texte et les données de fouilles au motif que César n’a pu reproduire partout le système défensif décrit dans les commentaires , mais il est édifiant de constater que de surcroît, les dimensions de la contrevallation et de la circonvallation ne peuvent s’appliquer en aucune manière au site d’Alise-Ste-Reine.
Va-t-il falloir en ce cas récuser, et la qualité des copistes qui n’auraient pas reproduit les bons chiffres, et/ou la sincérité de César qui aurait " falsifié " les dimensions de ses lignes d’investissement ?
Pour revenir aux lignes, Jacky Bénard, archéologue, a fourni un plan des lignes dans la revue historique des armées (n° 167) de juin 1987.
Ligne intérieure : Environ 12 km
Ligne extérieure : Environ 16 km
Là encore les dimensions sont largement inférieures aux chiffres des commentaires et les données sont pourtant
parfaitement fiables.
A noter aussi la superficie théorique investie, si l'on suit César et selon P.R Machin , 900 à 1000 ha, nous sommes bien loin des 97 ha du mont Auxois.
LE COMBLEMENT DES FOSSES
Ouvrir une réflexion sur le comblement des fossés c'est, du moins on le croit de prime abord, s'approcher au plus près de la datation du site.
Mais de fait , la situation archéologique d'Alise-Ste-Reine est excessivement complexe, il ne s'agit en aucune manière d'un ensemble clos et tous les niveaux quasiment sans exceptions sont pollués par diverses époques antiques, qu'elles soient antérieures ou postérieures à la date supposée du siège.
De plus du moins dans sa partie " fouille ", il est très décevant de constater que le problème de la sédimentation des fossés ainsi que l'analyse des différentes stratigraphies qui y sont associées, prennent totalement le pas sur l'analyse de la position des artefacts dans les différentes couches archéologiques (malgré le fait que cette carence soit comblée en partie dans le tome II : Le matériel) .
Ce manque d'indications et de précision altère très souvent l'éventuelle pertinence des datations associées.
P. 308 Plaine des Laumes
Est ici abordée, la manière dont a été effectué le travail sur les différentes couches archéologiques.
La représentation des couches archéologiques a été simplifiée autant que possible sur les plans et surtout sur les coupes.
Le remplissage des fossés a été, particulièrement pendant la fouille, généralement reproduit de manière très finement différenciée, divisé par strates et numéroté.
Le traitement dans le détail de l'étonnante variabilité des couches ainsi documentées serait d'une ampleur excessive et n'aboutirait pas à un résultat caractérisant l'ampleur des découvertes.
Nous avons donc décidé de renoncer, en règle générale, aux descriptions individuelles et de faire référence à ce type de structures au moyen de chiffres sur les coupes seulement lorsqu'elles étaient particulièrement éloquentes pour l'interprétation.
Les différentes sensibilités des équipes lors de la documentation sur le terrain n'ont toutefois pu être entièrement " gommées " malgré le travail d'harmonisation graphique entrepris.
P. 194 à 198 Bussy
Ci-après les différentes phases de comblement d'un fossé sur la montagne de Bussy et bien qu'il y ait de nombreuses nuances à remarquer sur l'ensemble du site, ce schéma peut être considéré comme assez représentatif.
A noter qu'il s'agit d'un fossé qui longe l'agger, cette observation permet d'étudier les différentes phases de
destruction du rempart lorsqu'il s'est effondré dans le fossé.
Les chiffres ont été, sur ce croquis, remplacés par des couleurs.
Niveau rouge : Le sédiment est contemporain du siège ou immédiatement postérieur.
C'est dans cette séquence stratigraphique que la découverte d'artéfacts est essentielle à la datation de l'événement.
Niveau bleu : Masse importante de sédiment (0.25 à 0.50 m) sur un seul côté du fossé .Matrice argileuse lourde.
Rares éléments retrouvés en liaison avec le siège (tessons d'amphores, clous et ossements).
Séquence stratigraphique qui peut être importante si elle n'est pas contaminée par des intrusions postérieures.
Niveau gris : Masse de pierraille et de pierres mêlées à de l'argile, descendue du rempart .
La fouille de ce niveau n'a pas livré de matériel permettant de dater sa mise en place.
Niveau vert : Phase de très longue durée, abandon du site avec évolution lente. encore de nombreuses pierres.
Niveau marron : Comblement définitif des fossés, moins de pierres, argile.
A noter que l'effondrement du rempart est daté de l'époque gallo-romaine, en effet à l'emplacement du chantier XXXI a été retrouvé une nécropole gallo-romaine.
Cette datation généralisée à l'ensemble du site, semble surinterprétée, puisque dans la plupart des cas l'effondrement du rempart n'a pas pu être daté au moyen de matériel, comme d'ailleurs dans le cas du fossé précité.
P 200 Fossé de circonvallation :
Pas de phase secondaires à l'intérieur de la phase de comblement principale, ce qui est très certainement dû en partie à la très faible profondeur du fossé.
En revanche, il est notable que la partie supérieure du remplissage , fouillée sur 5 m de long en bout de fossé, renfermait un matériel typiquement gallo-romain, en proportion assez importante (céramique surtout clairement liée à la présence d'une nécropole p. 147)
Cette donnée indique que le fossé bien que peu profond, n'était pas entièrement comblé vers la fin du 1er siècle ap. J.-C.
Il n' y a pas de vestiges évidents de l'effondrement primitif de l'agger dans le fossé de circonvallation, mais plutôt des indices d'un arasement lent et progressif du noyau du rempart.
P. 230 Autre chantier sur le secteur, toujours au sujet du rempart :
Tout au plus peut on dire que cette destruction a dû intervenir entre l'époque Césarienne et le début de l'époque gallo-romaine.
La couche de destruction de l'agger est scellée par un remblai de comblement contenant du mobilier du 1er siècle de n.è.
P. 237 Flavigny, le camp B
Le rempart était construit près du bord du fossé (0.40 à 0.60 m) ce qui explique qu'il s' y soit partiellement effondré.
Aucune trace de destruction par le feu n'est visible à cet endroit.
P. 241
Cinq fosses mises au jour contenant fréquemment du petit mobilier, de la céramique et des restes fauniques, sans informations de datation.
A signaler qu'une des fosses contenait une monnaie Arverne, un bronze frappé, légende IIPAD hors champ D/, lancier casqué à cheval, dans le remplissage supérieur de la fosse 19.
Cette dernière donnée interpelle, puisque les monnaies Arvernes sont censées révéler la présence de l'armée de Vercingétorix, et donc par extension dater le site de l'année -52.
Ce qu'il faut remarquer ici, c'est la position stratigraphique de la monnaie, puisqu'elle se situe dans le comblement supérieur de la fosse, soit théoriquement en pleine période gallo-romaine...
Cette donnée semble donc indiquer, soit qu'il y ait eu bouleversement total de la fosse (?), les éventuels artefacts passant du niveau inférieur aux couches supérieures, soit que la circulation des monnaies gauloises a perduré pendant une partie de l'époque gallo-romaine ; ce qui relativise d'autant l'utilisation d'une bonne partie des monnaies pour la datation d'un site comme Alise.
Le bronze frappé Arverne au cavalier a pu être diffusé hors d'Auvergne dès l'entrée en Gaule de Jules César, et de toute évidence massivement distribué pendant l'année -52, il paraît acquis que le même bronze mais avec fantassin soit postérieur à la guerre des Gaules.
Or à Alise ne figure que le premier type.
Ceci étant dit, il est obligatoire de nuancer cette analyse, le contexte même de la récolte monétaire à Alise invite à la prudence, la grande majorité de cette récolte provient des fouilles du XIXe siècle dont le contexte nous échappe, le reste provient de prospection de surface , superficielle par nature, et qui logiquement ne concerne pas, au moins directement, la période du siège (fonds des fossés), or le seul exemplaire Arverne trouvé en fouille moderne provient du comblement supérieur d'une fosse .
Concernant la datation des monnaies il faut aussi prendre en compte l'ambiguïté qui entoure la datation des monnaies retrouvées à Alise, puisque depuis 150 ans et l'assimilation du siège avec Alésia, les monnaies celtiques retrouvées sur place servent de jalon chronologique.
Pour exemple, la monnaie EPAD au cavalier est datée de -60-50 et plus précisément autour de -52 parce qu'elle a été retrouvée en nombre au XIXe siècle dans les fossés alisiens.
Pour ces quelques raisons rapidement esquissées, il n'est donc pas possible actuellement d'affirmer de manière
certaine que ces monnaies sont liées au siège, elles ont pu être largemnt diffusées dans la deuxième moitié du 1er siècle av. J.-C.
On peut noter d'ailleurs, que le problème du jalon chronologique existe aussi pour les armes ou les fibules, puisqu'il existe même des types éponymes...
P. 285 le camp A
Destruction du rempart à la fin du siège... confirmée par la couche cendreuse fouillée à l'ouest de la porte sud.
Comblement lent des fossés, pendant plus d'un siècle, si l'on en croit le matériel recueilli.
P. 402 Chantier XVI
Les fossés de la contrevallation ont été comblés de manière à aménager un pavage au-dessus d'eux, quelques drains ont été recouverts de pierres plates de manière à faciliter le franchissement.
Différentes trouvailles de matériel laissent envisager une datation au premier siècle de notre ére.
Exemples :
Fibule type d'Aucissa horizon gallo-romain (à partir de -20) .sondage 2
Fibule à ressort type Feugére 14b1b horizon gallo-romain (Tibère-Néron). sondage 2
Là encore pas de précision sur le niveau stratigraphique.
Vraisemblablement fossé de contrevallation réutilisé comme drain à l'époque gallo-romaine.
P. 412 à 416 . Le Réa
Deux campagnes de prospection géophysiques, mettant en oeuvre différentes techniques, ont été conduites au pied du mont Réa, dans le secteur le plus problématique, sur la contrevallation et de moindre manière sur la circonvallation.
La première campagne (1992), utilisant un magnétomètre, visait avant tout la détection d'éventuels dépôts métalliques (congeries armorum), dont les découvertes du siècle dernier seraient l'illustration, suivant différentes interprétations assez récentes, mais aucune concentration de matériel métallique n'a été décelée.
La prospection réalisée pour retrouver la suite de la circonvallation dans l'amorce de la pente du mont Réa s'est également révélée négative.
En revanche différents segments de fossés sont apparus lisiblement dans le secteur oriental du pseudo camp D.
Une seconde campagne de prospection (1996) a eu lieu dans le même secteur (...) les résultats obtenus confirment ceux de la première campagne.
Qu'y avait-il réellement dans ce secteur au XIXe siècle ?
Les fouilleurs de Napoléon III ont-ils vraiment récolté à cet endroit quasiment toutes les monnaies du site ainsi que l'immense majorité des armes ?
En tout état de cause à notre époque, le secteur est vide d'artefacts parlants.
P. 419 plaine de Grésigny
Les fossés
On a clairement affaire à un remplissage naturel, de nature fluviatile, dans lequel on distingue deux épisodes principaux.
A une première phase de comblement où se mettent en place des graviers et des sables, donc des éléments assez grossiers suggérant des courants d'eau relativement violents, succède une seconde phase (...) traduisant un mode de sédimentation plus calme.
Si l'on écarte un faible dépôt argileux initial, qui signale vraisemblablement un lessivage des parois, le comblement du fossé s'effectue d'emblèe sous l'action d'une eau courante, ce qui implique qu'il est emprunté par un bras de rivière, dès le creusement terminé.
On peut donc en conclure à la présence d'un fossé mis en eau, vraisemblablement par détournement de l'Oze.
Comme déjà vu dans le premier chapitre, nous avons ici la confirmation d'une inondation de fossé par un courant d'eau rapide, vraisemblablement issu de l'Oze.
Cette situation est improbable voire impossible lors d'un siège d'été, le débit de l'Oze en été ne permet pas cette configuration.
Seul un siège d'hiver ou de printemps permet de détourner l'Oze avec une certaine efficacité.
Pour rappel le débit de l'Oze est approximativement de 5 m3 par seconde en hiver, et de 0,60 m3/s en été.
L'idée a été émise qu'un système de barrages ou d'écluses auraient pu être mis en place pour permettre cette mise en eau, mais aucun aménagement de ce type n'a été décelé.
P. 442
Dynamique de comblement des fossés 2 et 3.
La synthèse des données stratigraphiques réalisées d'après les différentes coupes des deux fossés permet de proposer un schéma satisfaisant de leur processus de comblement (outre son intérêt pour l'histoire du dispositif césarien après le siège, celui-ci est déterminant pour l'interprétation des trouvailles d'armes et de matériels divers divers mis au jour dans les fouilles du second empire).
On peu distinguer trois moments dans le remblaiement des fossés.
Le premier (...) tapisse le fond des fossés et la base des parois (...) en partie déjà au moment du siège.
Le second temps qui peut être estimé à quelques dizaines d'années au maximum , correspond au dépôt principal ...
Le dernier épisode voit l'occlusion finale, sans doute assez brutale (...) qui résulte probablement de la mise en culture de tout le secteur à l'époque gallo-romaine.
Ce remblaiement final est sans doute achevé dès les premières décennies du premier siècle .
Une confirmation ponctuelle réside dans la présence, au sein de la couche de clôture du fossé 2, en association avec du matériel du siège (fragments d'amphore Dr.1 notamment), de plusieurs fragments d'un bol en céramique fine orange à décor incisé illustrant un type courant dans la première moitié du premier siècle (plus précisément deuxième quart du premier siècle).
Tout indique que le comblement définitif des fossés alisiens, intervient majoritairement entre le deuxième quart et la fin du premier siècle ap. J.-C., ce qui semble logique pour un siège de fin d'époque républicaine; il paraît évident que quelques dizaines d'années au minimum ont été nécessaires pour combler des fossés qui pour certains étaient relativement importants.
P. 443 Contrevallation près de l'Oze
Fossé vidé de son remplissage par les fouilleurs de Napoléon III , les bords supérieurs ont été laissés intacts .
Une quantité assez importante d'ossements d'animaux a été retrouvée dans la partie supérieure du remblai de la tranchée Napoléonienne, tandis que les couches non bouleversées du fossé n'ont livré que quelques rares os entiers, situés à une hauteur de de 0.40 à 0.50 m du fond (prof fossé = 1.30 m).
Cette donnée semble indiquer (...) que le matériel mis au jour par les fouilleurs de Napoléon III ne provient pas prioritairement de la couche de remplissage initial du fossé, tapissant les bords et le fond, chronologiquement la plus proche du siège.
La répartition spatiale des ossements (...) suggère par ailleurs l'existence de zones de concentration de matériel.
Les ossements ne présentent pas de signe de morsures ou de corrosion, ce qui milite en faveur d'un enfouissement assez rapide.
Cette découverte ponctuelle vient confirmer la véracité des comptes rendus napoléoniens, qui font état de quantités très importantes d'ossements de chevaux découverts dans les fossés du " camp " D.
Ce point est assez déroutant, les restes de chevaux sont censés (pour certains) refléter les diverses composantes engagées dans la bataille d'Alésia, or le niveau où se situe l'ensemble des ossements de chevaux retrouvés, ne correspond pas - en théorie - à l'époque du siège, mais à une période postérieure de quelques années voire plus...
Le corpus (15 restes) sur lequel portent les examens est réduit, et s'il ne semble pas anormal d'y trouver matière à hypothèse, il paraît étonnant que la conclusion et ce quelque soit sa pertinence, apparaisse in extenso dans une parution grand public (Alésia ,l'archéologie face à l'imaginaire p. 184), sans les réserves incontournables liées à la fragilité du contexte de la découverte !
P. 449
Un empierrement a été mis au jour (...) cet empierrement, est installé à la fois sur sur le fossé de circonvallation et le paléochenal.
(...) il recouvre en effet nettement le remplissage terminal du fossé césarien.
Sa fouille partielle a livré des fragments de poteries gallo-romaines, dont un fragment de bord de mortier à pâte claire datable du Haut-empire (vraisemblablement dans les années 150-250).
Son installation intéresse l'histoire du dispositif césarien après le siège.
Elle confirme en effet que, dans ce secteur, du moins l'occlusion des fossés et le nivellement des structures sont achevées bien avant la fin du Haut-empire.
Là encore, les observations corroborent celles observées sur d'autres secteurs.
Ici, l'occlusion finale des fossés est nettement éloignée de la couche attribuée à la fin du haut-empire, ce qui confirme un comblement final pendant le premier siècle ap. J.-C.
P. 459 La circonvallation
Dans le sondage 1, la couche inférieure de remplissage du fossé a livré un matériel détritique relativement abondant, constitué de fragments d'amphores et d'ossements d'animaux (boeuf et cheval principalement).
Ce dépôt, clairement limité à la partie la plus étroite du fond du fossé (sa largeur ne dépassait pas 0.30 m, sur plusieurs mètres de long), enrobé dans une argile presque pure, peut certainement être mis en relation avec le siège.
Cet endroit de la circonvallation correspond peu ou prou au secteur qui aurait dû être attaqué par l'armée de secours lors de la bataille finale, or si la récolte de tessons et de restes fauniques est assez abondante (principalement des pièces de boucherie), il n'existe aucune trace de combats et aucun débris d'armes.
Sous réserves de nouvelles investigations, la circonvallation entre le Réa et la montagne de Bussy n'a donc jamais été attaquée par une armée venue de l'extérieur !
En définitive, si l’étude des couches archéologiques des fossés permet effectivement de se faire une idée sur une chronologie probable du siège, celle-ci reste floue dans ses grandes lignes, et la période potentiellement concernée s’étend sur quelques dizaines d’années.
Il est probable que de nombreux matériels et céramiques antérieurs au siège ont pu être extraits des fossés lors du creusement de ces derniers et rejetés sur les bords à proximité immédiate (glacis , agger).
Ces artéfacts ont pu glisser par la suite dans les fossés au fil du temps et notamment lors de la ruinification de l’agger lorsque celui-ci n’a pas été détruit juste après le siège.
Cette donnée semble particulièrement valable pour les couches intermédiaires.
Concernant le comblement supérieur des fossés, le problème est encore plus complexe car ces objets qui pouvaient encore se retrouver disséminés aux alentours des travaux de sièges, ont pu pour certains être ramenés sur les fossés lors des premières mises en culture, soit pendant la période gallo-romaine, voire parfois plus précocement, dès la période augustéenne.
Ces artéfacts ont pu aussi se retrouver de facto au même niveau archéologique que des objets d'époque gallo-romaine, sans oublier les objets liés au siège qui ont pu suivre le même chemin...
De ces observations, il découle de manière évidente que les comblements supérieurs des fossés sont susceptibles d’accueillir des artéfacts antérieurs au 1er siècle av. J.-C, comme des 1er siècles avant et après J.-C.
L'analyse des objets retrouvés dans la couche archéologique supérieure des fossés doit donc s'effectuer avec une extrème prudence.
Certaines aberrations peuvent aussi trouver une explication dans les multiples sièges gallo-romains subis par Alise-Ste-Reine, qu’ils aient ou non réutilisé certains travaux de sièges antérieurs.
La présence de diverses armées romaines plus ou moins composites n’ont pu manquer de bouleverser certains secteurs et d’y laisser des traces de leur passage.
La conclusion à tirer de l’observation du comblement des fossés est double, d’une part, il paraît quasiment certain que les travaux de siège ont eu lieu en fin d’époque républicaine sans qu’il soit possible à ce stade d’en tirer des conclusions plus précises.
D’autre part, il est évident que seul le comblement inférieur des fossés peut conduire à proposer une datation relativement fiable.
La politique de fouille conduite à Alise qui a privilégié les grands décapages au détriment de l’étude plus ou moins exhaustive des fossés, est de ce point de vue là, assez dommageable.
Toutefois, si l’étude des fossés est globalement un peu décevante, faire parler les quelques artéfacts datables en tenant compte du contexte peut s’avérer très instructif.
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© 2010 Arnaud Lerossignol
ETUDE DU MATERIEL : voir partie 2